Mon inépuisable sujet de prédilection, ma mine, mon
gisement, est le théâtre permanant de la rue. Je suis un
passionné de l’instantané, c'est-à-dire de ce
qu’il est possible de prendre sur le vif dans un petit rectangle en
1/250ème de seconde. S’il s’agit d’un simple
prélèvement, ce qui est le plus souvent le cas, c’est
raté. De temps en temps, j’ai la satisfaction d’avoir
attrapé un échantillon du réel, du monde qui
m’entoure. En plus de ce plaisir d’avoir saisi au vol, d’avoir
attrapé un détail de vie, la valeur ajoutée se
manifeste dans l’esthétique de la composition, dans
l’ordonnancement harmonieux et géométrique des formes,
dans le carré long. Si un zeste d’humour parachève le
tout, c’est encore mieux.
Tout ceci étant plus du domaine de l’esthétique que de
l’art. Je ne suis pas un artiste, car je ne craie rien. Les choses se
passent dans un espace temps si rapide, que ce que je compose est
instinctif et non pensé. A l’inverse des peintres, je suis en
prise avec le temps. Dans la rue la chorégraphie est
éphémère. L’ordre arrive à s’extraire du
chaos, mais pour un temps très court. Il suffit d’être
là au bon moment et au bon endroit.
Dans une grande disponibilité, un oubli de soi, et une grande
concentration, au hasard des rencontres, ma plus fidèle
alliée est la chance, car c’est bien elle qui m’offre en cadeau
: « LA PHOTO » avec ses résonances ses échos,
ses complémentarités, ses oppositions, ses pleins, ses
vides, ses ombres, ses lumières, ainsi que cette juste et
magique alchimie qui les assemble, qui les articule agréablement.