L’à-coté,
l’en-deça.
Pour qui regarde la peinture de Claude Forest, la couleur insiste.
Essayons de dire cet effet, courant le risque de
l’à-peu-près : la couleur continue, se distribue, se
diffuse, s’interrompt, se fissure, se défait, s’organise.
Impérieuse. De là, son insistance. Mais il y a plus.
C’est comme un libre jeu au cours duquel la couleur paraît
occupée avec elle-même, comme en conflit singulier, se
cherchant, s’écartant par approximations successives, repoussant
ses propres assauts, osant l’affrontement, s’équilibrant enfin
dans une sorte de pacification, de rétribution peut être.
Curieux équilibre, point d’Archimède énigmatique.
Nous pourrions assister au chaos, mais quelque forme se détache.
C’est aussi cela qui nous retient. La couleur s’affaire, on le voit
bien, elle est travaillée par un souci, chaque fois. Couleur
intranquille, donc, active, inquiète, mais sans arrière-
pensée car, tout occupée à son
développement imprévisible, jamais elle ne rappelle rien,
toujours en avant d’elle-même. La couleur de Forest ne ressasse
pas. Elle est sur le qui-vive. Elle s’attend à quelque chose.
Pierre Parlant
in « pigments, fragments » sur la peinture de
Claude Forest. H i. e. ms « la cause
matérielle »